Par ici, sous spi !
Enfin ! C’est un moment que les équipages en approche des Açores attendaient avec une lancinante impatience. Après trois jours penchés au près, après une série de manœuvres au passage d’une zone de transition hier, Acrobatica a bel et bien ouvert le bal de la descente dans du vent portant tout frais. C’est parti sous grand spi en direction de Santa Maria. Au classement de ce samedi matin, à 180 milles de l’île portugaise à laisser à tribord, il est suivi par Groupe SNEF, 20 milles derrière. Amarris, sous voilure réduite - un ris dans la grand-voile -, maintient la cadence, à 14-15 nœuds, en 3è position.
Aux avant-postes, les trios impriment un tempo soutenu. « Ils ont pris un peu d’avance, une trentaine de milles par rapport aux prévisions des derniers routages », souligne ce matin le directeur de course, Gildas Morvan. Dans ce groupe, La Manche Evidence Nautique, aux prises avec un souci de safran, concède un peu de terrain. Il pointe ce matin en 6e position, à 50 milles du premier.
Plus en arrière, les équipages qui ont déjà connu leur lot de déboires les obligeant à faire une escale technique à La Corogne ne ménagent pas les peine pour ne pas se faire décrocher dans les méandres d’une incontournable zone de transition. Ce passage obligé d’un système à l’autre inspire Nicolas Boidevezi, pas avare de jolis mots à bord de Tohu-Bohu, dans son message de la nuit.
« Transition, tout le monde parle de transition, énergétique, numérique, sociétale... Ici au milieu de ces quelques nuances de gris, la seule transition est celle d'une masse d'air à une autre. Cette transition est actuellement nommée front froid et nous ouvre après quelques heures de vents erratiques, bruine et ciel ras les pâquerettes, les portes d'un avenir meilleur ! Est-ce là l'orientation de toute transition ?
Offrir un avenir meilleur ?
Vous me rejoindrez certainement, si je vous dit que cet avenir meilleur promis ne peut qu'être l'avènement d'un cycle ! Car la nature aime les cycles, ce front froid ne laisse la place à une nouvelle masse d'air que le temps qu'un nouveau vienne passer sur nos têtes et un autre etc...
L'avantage ici, c est que nos transition sont sommes toutes assez binaires, de même que nos rythmes. ON ou OFF.
Ce que nous retenons, c'est que cette transition là, nos petits camarades de jeux n'y échappent pas non plus ! »
Ce matin, en 9è position, Nicolas et son équipage commencent aussi à sentir les bons effets du flux de nord qui arrive de l’ouest. Ce vent nouveau leur apporte ce matin la promesse de bientôt planter l’étrave en bas en direction de Santa Maria, qu’ils vont également saluer de près sur la route des Açores par le nord.
De leur côté, les deux trios d’Everial et Dékuple poursuivent leur grande descente en direction des Canaries, passage obligé, mais néanmoins choisi et assumé, à la conquête des vents alizés…