Du vent fort aux Açores
Ce samedi midi, c’est Erwan Le Draoulec à bord d’Everial qui souligne le contraste saisissant qui marque ce week-end sur la Niji40, au gré des vents et des systèmes météo qui s’enchaînent pas sur le vaste plan d’eau de la course, des Açores aux Canaries.
« On fait cap sur Lanzarote en direction des Canaries alors que nos copains sont en approche des Açores (...) Les conditions sont radicalement différentes. On ne sait pas si notre option est la bonne, mais aujourd’hui on n’est pas mécontent d'être là quand on pense comment ça va être agressif et violent ce qui va passer là-haut, au portant dans 35 nœuds ».
Les Canaries de nuit
25 milles dans rétroviseur d’Everial, William Mathelin Moreau, confie lui aussi réfléchir à son passage aux détours des Canaries prévu dans la nuit. « On regarde ou il faut passer exactement parce que ça ne s’annonce pas facile il y a pas beaucoup de vent, mais il y a des grosses accélérations possibles », indique le skipper de Dékuple. Avec le farouche espoir de ne pas traîner en si bon chemin, il compte bien tirer le meilleur profit des effets venturi qui font la réputation de l’archipel espagnol. « La météo derrière, ce n’est pas si simple, mais elle n’est pas si simple non plus pour nos amis du nord. Tout reste ouvert, on espère qu’il y a quand même de l’alizé qui va se former » , complète celui qui se félicite d’apprivoiser son tout nouveau bateau, « génial », mais qu’il « déchiffre encore ».
Au nord, c’est sur un tout autre mode que progresse la flotte, emmenée par Acrobatica. En tête trio italiano-français ouvre toujours la marche à un train d’enfer. Dans des surfs à 15-16 nœuds, il cavale en direction de l’île de Santa Maria, qu’il devrait saluer sur tribord en tout début de soirée. Au chapitre des belles glissades humides, ses poursuivants ne sont en reste dans le solide flux nord-est, de 20-25 nœuds, qui se renforce au fil des heures en bordure nord d’une dépression à la tessiture d’un ténor. Les images de Captain Alternance - dans « une ambiance jacuzzi » selon Kéni Piperol tout sourire à la barre -, donnent le ton de l’épisode musclé au programme.
Un programme “épique”
Bienvenue sur le dos de cette dépression bien positionnée pour les accueillir dans un timing parfait au passage de l’archipel portugais. Sensation fortes garanties, mais gare aux prises de risques. « Réussir à profiter de ses vents portants en jouant à la lisière de son centre pour éviter les 40 établis s'annonce épique. Nous allons pouvoir pousser nos belles machines taillées pour ces conditions, mais il faudra garder le pied proche du frein pour éviter les sorties de route qui peuvent être irréversibles pour nos spis » souligne l’équipage de Vogue avec Crohn.
« On vient de passer sous gennaker pour lofer (remonter) en direction de Santa Maria avec le vent qui va vite se renforcer en approche du nord du système dépressionnaire », raconte Carlos Manera Pascual aux premières loges, en 2e position à bord de Groupe SNEF, pour parfaire son apprentissage du gros temps. « Hier, on a fait la visualisation de toutes les manœuvres qu’on a prévu de faire . Et on a fait un gros check de tout le bateau (...) C’est vraiment sympa de pouvoir aller chercher une dépression, comme ça », ajoute le jeune co-équipier espagnol de Xavier Macaire.
Deux escales aux Açores
Dans l’exercice délicat de manier leur belle machine océanique dans la brise, difficile de ne pas saluer la belle performance de l’équipage d’Amarris, qui ne cède rien en dépit de l’avarie qui l’a freiné hier. Gildas Mahé et ses complices, les plus rapides ces dernières heures, gardent une cadence infernale avant de se mettre à l’abri, ce soir, de Santa Maria pour réparer sa drisse de grand-voile sans aide extérieure.
C’est malheureusement une escale plus longue qu’a dû planifier le trio de La Manche Evidence Nautique, qui déplore une sérieux pépin au niveau du safran. Après avoir tenté une réparation, Nicolas Jossier et ses coéquipiers doivent se rendre à l’évidence qu’un arrêt au stand, à Sao Miguel, est malheureusement devenu inévitable. Un coup dur pour l’équipage du bateau normand qui se félicite néanmoins de la « chaîne d’espoir à terre », mise en place afin de leur permettre de récupérer une pièce de rechange pour remplacer celle qui s’est cassée net. « On est sous voilure réduite pour ne pas abîmer le bateau. Il y a du vent, pas trop de mer ; et petit bémol, il fait toujours gris ! Il y a déjà 25 nœuds. Quand on arrivera sur les îles, il y en aura 35. On a justement choisi notre destination parce que Ponta Delgada est un port protégé », indique ce matin Nicolas Jossier, qui espère vite reprendre la route pour Marie-Galante.