Mots du BORD, SONS du large

Xavier Macaire (Groupe SNEF) : « Cette nuit, on a eu du boulot sur la stratĂ©gie, la mĂ©tĂ©o, le positionnement. Passer au nord de cette petite dĂ©pression, ce n’était pas simple, un peu hasardeux. Mais globalement, on est trĂšs satisfaits de notre passage, c’est quand mĂȘme un point clĂ©  de cette transat.  (
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On a des bons copains de jeu, on n’est pas tout seuls, on ne s’ennuie pas. On se donne encore plus de mal pour grappiller tous les dixiĂšmes de nƓud possibles, tous  les degrĂ©s qu’on peut essayer de gagner au portant pour se rapprocher du but vers le sud. 

Mais en mĂȘme temps, ils ont Ă©tĂ© longtemps devant. Le but, c’était qu’ils ne s’échappent pas de maniĂšre rĂ©dhibitoire aprĂšs la dĂ©pression des Açores, et on a rĂ©ussi Ă  limiter ce risque. On ne les a pas laissĂ© filer, et encore mieux on a rĂ©ussi Ă  passer devant. C’est vrai que quand Pierre est Ă  la barre, il est excitĂ© comme une puce, Ă  fond, Ă  fond pour gagner les micromillĂšmes de nƓud pour surfer les bonnes vagues. Ce qui est chouette avec Pierre, c’est qu’on sent qu’il aime ça, il se rĂ©gale. »



Erwan Le Draoulec (Everial) : « Je vois Tom Roux (Thomas Rouxel) en grande forme dans ses Ɠuvres Ă  la barre. Il y a le petit Corentin Horeau qui sort de la bannette et vient de rĂ©cupĂ©rer le petit sac de goodies qui nous reste. On sent qu’il a oubliĂ© qu’il nous manquait 2-3 jours de nourriture d’ici l’arrivĂ©e. Il y va avec envie et passion (
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Le sud, on commence Ă  en avoir ras le bol. Il serait temps qu’on se rapproche un peu. On n’a pas pris de bouteille de champagne pour le passage de l’équateur, donc on va bien faire de l’ouest Ă  un moment donnĂ©. Mais c’est sĂ»r qu’on est dans un rĂ©el contournement anticyclonique. On va surveiller aussi DĂ©kuple, on en va pas le laisser aller tout seul dans la sud. Donc on continue un peu, mais ce serait bien qu’il y ait plus d’ouest dans notre route dans les jours Ă  venir.

Corentin amĂšne un Ă©tat d’esprit assez gĂ©nial en mer. C’est le coach mental de l’équipe , ou le bouffon du roi. On est persuadĂ©s que pour performer, il faut s’éclater et vivre avec passion ce qu’on fait. Performer, ça risque d’ĂȘtre compliquĂ©, mais il faut qu’on continue de gagner un demi nƓud de mieux. J’apprends beaucoup et je pense qu’on sortira tous les trois plus grands de cette expĂ©rience. Soit on gagne, soit on apprend ; donc on apprend beaucoup, et avec bonheur »

Jean-Philippe Saliou (E.Leclerc-Ville-la-Grand) : « La matinĂ©e a Ă©tĂ© fastidieuse. On est tombĂ©s dans un trou plein de pluie et sans vent. On commence Ă  s’en dĂ©pĂȘtrer. Nos affreux jojos (La Manche Evidence Nautique), on reprit du terrain la nuit derniĂšre. Cela n’a pas Ă©tĂ© trĂšs concluant l’histoire. On panse un peu nos plaies et on repart de plus belle. On navigue au jour le jour, chaque heure est une aventure, chaque seconde mĂȘme. C’est toujours aussi bon d’ĂȘtre en mer mĂȘme si on a connu des moments un peu costauds. C’est une belle ballade sur un beau parcours. Et c’est une rencontre intĂ©ressante avec les collĂšgues, on se dĂ©couvre. On a pris le dĂ©part au pied levĂ©, pour pas dire plus. Avec La Manche Evidence Nautique, on est entre gentlemen (rire), on fait du yachting. On les a vu apparaĂźtre Ă  vitesse grand V. Pour ĂȘtre honnĂȘte, on n’a pas encore toutes les donnĂ©es du bateau. Hier, on s’est battus dans les grains. Ils ont souffert violemment, on s'en est bien sortis. Cette nuit, c’est nous qui avons bien morflĂ©. Chacun son tour. L’élastique est toujours lĂ , et on va s’accrocher au rideau, ça s’est clair ! 

On a essayĂ© de couper un peu le fromage et ça nous a coĂ»tĂ© cher. LĂ , ça redĂ©marre. On fait route avec du vent de nord-ouest pour progresser dans l’ouest et rĂ©cupĂ©rer les conditions de l’autoroute du sud qu’on attend depuis un moment. Les alizĂ©s, c’est un concept assez vague apparemment. On va espĂ©rer pouvoir en profiter un petit peu d’ici l’arrivĂ©e. Pour l’instant, on va essayer de se remettre la tĂȘte en place, car il faut avouer que de voir les copains mais nĂ©anmoins concurrents nous passer, ça pique un peu. Mais on apprend. Il faut ĂȘtre honnĂȘte, le bateau, on le dĂ©couvre step by step. On n’avait pas toutes les manettes, ni le manuel d’utilisation, on est un peu en mode nature et dĂ©couvert ! c’est la bonne expression pour dĂ©crire notre histoire. »

Gildas MahĂ© (Amarris) :   Â«  C’est le premier mot Ă  l'Ă©crit depuis le dĂ©part, car j'ai essayĂ© quatre fois dĂ©jĂ  ; et Ă  chaque fois, soit l'ordinateur plantait, soit  le clavier cliquait tout seul dans les chocs. Bref, une vraie mission de vous Ă©crire un petit mot depuis Amarris au milieu de l’Atlantique. La premiĂšre chose c'est qu’ici, quand je vous Ă©cris, il y a le son du clapotis de l'eau sur la coque qui ne s'arrĂȘte jamais et se transforme parfois en coups de marteau quand la vitesse et les vagues s'en mĂȘlent. Et comme le Class40 Amarris est tout vide ; et bien dans ces conditions; ça raisonne Ă  en avoir mal au crĂąne. 

Il y a nécessairement une légÚre odeur qui flotte à bord aprÚs cette semaine entre marins dans un espace exigu, tout cela me fait penser à la célÚbre phrase de Chirac plus adaptée au monde de la mer et des bateaux qu'à une communauté en particulier !

Il y a aussi l'ambiance saline, les cirĂ©s qui semblent tenir debout tous seuls aprĂšs cette journĂ©e de sĂ©chage rendue bien nĂ©cessaire et agrĂ©able aprĂšs une premiĂšre semaine de course mouvementĂ©e. Et puis cette routine habituelle des quarts, le cerveau concentrĂ© sur un objectif simple : amener Amarris le mieux classĂ© possible Ă  l'arrivĂ©e Ă  Marie-Galante, et uniquement grĂące Ă  la presque absence d'informations, stimulis divers ou sollicitations du monde des terriens. Ça vous paraĂźtra Ă©goĂŻste, mais je crois qu'il y a dĂ©sormais peu d'endroits oĂč on peut ressentir cela et je trouve ça bien agrĂ©able (surtout aujourd'hui qu'il y a dix nƓuds au portant avec du soleil :) alors merci Ă  tous, sponsors, organisateurs et autres de nous permettre de vivre de notre passion et de vous la faire partager ! »


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