Tout schuss vers l’arrivée

Ce samedi, en approche des 500 milles restant à parcourir pour rallier Marie-Galante (Guadeloupe), le trio de Groupe SNEF creuse  l’écart avec son poursuivant, Acrobatica. D’après les dernières estimations, c’est  en fin de nuit tropicale lundi (en fin de matinée, heure Paris) que Xavier Macaire, Pierre Le Boucher et Carlos Manera Pascual, crédités de 25 milles d’avance cet après-midi, pourraient s’adjuger la victoire finale sur cette transat partie dimanche 7 avril de Belle-Île-en-Mer. Mais gare à Alberto Riva et les siens qui ne baissent surtout pas la garde, parés à tout donner le temps d’un dernier sprint sous spi. Le suspense redouble d’intensité alors que Jean Marre fête ses 31 ans aujourd’hui à bord du bateau lancé aux trousses du leader. Aux dires de ces duettistes, il ne leur reste plus qu’un ultime empannage, dont le timing s’annonce crucial, avant descendre, tout schuss dans les alizés.

En arrière, même combat pour le gros des troupes à l’aube d’une fin course propice au rebondissements. Si l’équipage mixte de Vogue avec un Crohn semble bien installé sur la 3è marche du podium, la 4è place fait l’objet de toutes les convoitises. Une seule poignée de milles sépare les équipages d’Amarris et d’Influence 2 du trio de Captain Alternance mené par Kéni Piperol et les siens. Ce dernier, natif de Guadeloupe, ne cache pas mettre du cœur à l’ouvrage pour rejoindre le plus vite possible Marie-Galante. Sur l’île, un comité se met en place pour réserver un accueil haut en couleur à l’équipage du marin du pays, attendu en baie de Saint-Louis en début de soirée lundi…


Les sons du large

Xavier Macaire (Groupe SNEF) : « On avait un bon petit vent et on a bien glissé. C’est sympa ! On a réussi à creuser un peu l’écart. Le secret, c’est du placement, de la vitesse grâce à la barre et aux réglages pour faire marcher le bateau à son maximum. 

L’écart qu’on a créé, c’est une petite pierre à l’édifice, mais cela ne veut pas dire que l’édifice est bâti. Cela fait un moment qu’on y travaille, depuis le départ, le passage des Açores et de la dépression, sur la deuxième dépression avant d’arriver dans les alizés. On y travaille ardemment.  C'est surtout ça qu'on travaille pour faire les fondations de notre résultat final et de notre potentielle première place. On a cet objectif en tête. On y travaille dur, et on espère que ça va bien marcher jusqu'au bout. On sait que dans la voile, il peut toujours se passer des choses compliquées, des vents différents, des petits aléas. On reste vraiment concentrés.

Le prochain empannage, c'est un moment important du positionnement, mais pour autant, la course ne va pas s'arrêter là-dessus. C'est un des points qu'il ne faudra pas rater comme tant d'autres qu'on a déjà franchis, et tous ceux qu’il reste pour la suite : des angles, des changements de voile, des vitesses, tout ça. On va s'appliquer à faire tous les points de passage, jusqu’à l'arrivée. On va s'appliquer à essayer de faire du mieux qu'on peut, le mieux possible.

On  surveille Acrobatica, mais on fait aussi notre stratégie.  Je me sens plutôt serein. C’est le fait d'être en équipe. Ça permet justement d'être un peu plus détendu et de pouvoir justement être un peu plus clairvoyant. On est vraiment en phase, on échange, on se motive. On a une bonne cohésion d'équipe. Il y a de la satisfaction, il y a de l'envie, celle de continuer à bien faire. »


Kéni Piperol (Captain Alternance)  : « On navigue à vue depuis deux jours avance Amarris. On a croisé Influence 2 hier soir, qui a rejoint le groupe. On navigue vraiment à vue avec ces deux bateaux. On essaye d’exploiter au maximum les bascules de vent et les nuages. Le ciel est très chargé. Tout va bien à bord, même si on continue d’enchaîner les quarts, parce que c’est important de continuer à se reposer. À chaque fois qu’on se réveille, on a quand même la tête dans le gaz. On commence à être vraiment fatigués, les corps n’ont plus d’énergie. Cela prouve qu’il est temps d’arriver, de déguster notre premier ti punch. Pour moi, c’est beaucoup de souvenirs qui remontent. Marie Galante, c’est beaucoup de souvenirs d’enfance, j’ai passé beaucoup de vacances là-bas chez ma grand-mère. Je reçois beaucoup de messages, je suis pas mal attendu. C’est une sacrée émotion de savoir que je vais arriver là-bas. Je suis super heureux, content de faire ça et partager avec le monde ces expériences. Et j’espère qu’on va mettre le plus possible de bateaux derrière et que la chasse à l’Amarris soit bonne. »


Jean Marre (Acrobatica) : « À bord, ce n’est pas la grande fête. On a perdu du terrain toute la nuit par rapport à notre féroce concurrent, Groupe SNEF. On se rapproche du dernier empannage pour aller tout droit vers Marie-Galante. »


Benjamin Schwartz (Acrobatica) : « De base, Groupe SNEF est à son avantage dans les conditions de portant qu’on rencontre. Peut-être aussi qu’on a été moins bien inspirés qu’eux. On avait un léger décalage de 6 milles, mais on s’est plutôt marqués qu’autre chose. Ils cherchent vraiment à suivre notre trajectoire pour protéger leur position. Mais on espère qu’il n’y a rien de rédhibitoire, les écarts se font et se défont assez rapidement sur ces bateaux là. 19 milles sur les 550 qu’il reste à parcourir, ça doit faire 0,5% de différence. Tout est encore à faire. Cette nuit, il y a eu encore pas mal de grains. Là, on est en est plutôt sortis, on fait route vers l’ouest et le vent va arriver vers l’ouest. Tout va dépendre du prochain empannage qui devrait avoir lieu en début de soirée (heure française)… Et après ce sera tout droit, tout schuss, vitesse, vitesse… Cette journée est très spéciale. C’est l’anniversaire de Jean et on va faire une petite fête à bord d’Acrobatica.  Et le plus beau cadeau ce serait de reprendre des milles sur SNEF.

L’île, avec des reliefs de 200 mètres de haut, est relativement basse. Forcément, cela va générer des zones de molle, mais je ne pense pas qu’on risque de retrouver coincés quand on va longer les côtes pour rejoindre la baie Saint-Louis. » 

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Mots du BORD, SONS du large