Les Açores pour les UNS, LES Canaries pour LES AUTREs
Après cinq jours de course, sur la Niji40, la tête de flotte progresse à 300 milles dans le nord des Açores. Solidement installé en tête de flotte, Acrobatica y est attendu demain dans la soirée, propulsé par des vents portants que les équipages devraient bientôt toucher, après trois longs jours au près.
Problème de drisse pour Amarris
Dans le groupe de tête, cette journée est marquée par l’avarie, au niveau de la drisse de grand-voile survenue hier à 19h30, à bord d’Amarris. « Une pièce en tête de mât s’est pétée ; et on a perdu la drisse de la GV. On va probablement devoir faire un tout petit arrêt, un pit stop, à Santa Maria pour réparer. Là, on navigue avec un ris dans la grand-voile, qu’on a réussi à renvoyer. Mais on n’a pas envie de rester bloqués dans cette configuration de voilure réduite. On pense donc s’arrêter vite fait à l’abri sous le vent de l’île de Santa Maria pour opérer la réparation. On a tout le matériel nécessaire à bord », raconte Tom Dolan.
« Ça fait un peu mal sur le moment. On allait vite, et on était assez contents des classements et de là où on se trouvait par rapport aux concurrents », convient le marin irlandais qui reste mobilisé avec son équipage pour que ce malheureux épisode s’inscrive vite au chapitre de l’histoire ancienne.
« Cela nous coûte en milles et un peu en décalage au nord qu’on aurait bien voulu avoir par rapport à nos concurrents. C’était notre objectif quand la pièce a cassé (…) on va espérer toucher les vents portants en même temps que les petits copains. On ne lâche pas l’affaire ! » assure le coéquipier du Class40 bleu, qui concède 35 milles de retard sur les leaders, fortement ralentis cet après-midi dans les vents capricieux d’une zone de transition.
Un samedi soir sur le dos de la dépression
« Ça fait 2/3 heures qu’on avance pas très vite, sous gennaker. On espère vite franchir cette bulle pour toucher d’ici la fin de journée du vent frais qui doit arriver par l’ouest », confirme Pierre-Louis Attwell. Cet après-midi Vogue avec un Crohn, progresse en 5e position à des vitesses qui dépassent difficilement les 1,5-2 nœuds. Mais après ce ralentissement, les affaires devraient vite reprendre pour le trio, l’esprit déjà tendu dans la suite, avec l’arrivée d’une dépression à contourner par le nord. Ce système apporte avec lui « du vent de 30 nœuds, des rafales à 40 et des vagues de 4,50 mètres », estime Christian Dumard, consultant météorologue pour l’organisation de la course.
Ce prochain phénomène promet de donner le ton ce week-end. À la fois pressés de lâcher les écoutes et les chevaux, les marins se préparent aussi à passer cet épisode plus musclé sans encombre. Tout l’enjeu sera d’évaluer le niveau de risque à prendre pour préserver le bateau dans les fortes accélérations garanties. C’est en tout cas, ce que suggère Nicolas Boidevezi sur Tohu-Bohu.
« Dans notre scénario, on aimerait juste venir talonner les bottes de cette dépression, juste en arrière du système du plus fort, ça nous conviendrait bien. C’est d’ailleurs la stratégie de tout le monde de laisser ce centre dépressionnaire dans notre sud pour lui monter sur le dos, avec du vent portant en la contournant par le nord. On risque d’avoir une mer de 4 à 6 mètres assez compliquée, donc c’est elle qui va nous imposer où mettre le curseur en termes de port voile et de vitesse », explique le coéquipier de Bertrand Guillonneau, satisfait d’être bien revenu dans le match, dans le même système météo, après une escale technique rondement menée à La Corogne mardi dernier.
Et un dimanche aux Canaries ?
De l’autre côté du plan d’eau, deux équipages ont de toutes autres préoccupations. À 325 milles dans l’ouest du détroit de Gibraltar, les marins d’Everial et Dékuple profitent du renforcement du vent au programme du jour pour franchement accélérer sur la route. Mais déjà l’écart, de 230 milles cet après-midi, se creuse irrémédiablement sur cette option radicale.
« On a un un grand ciel bleu et une mer avec un peu de moutons qui ressemble un peu à une mer d’alizés. On progresse dans 20 nœuds sous gennaker, vent de travers au bateau un peu penché », décrit Thomas Rouxel à bord du premier de cordée de cette grande descente en direction des Canaries. « On y va, parce qu’on y croit (…) On va avoir une phase un peu délicate au passage des Canaries où on sera dans le sud de la dépression tropicale qui aspire vraiment les alizés. Ce sera un point de passage un peu critique pour nous (…) Mais la route nord de nos adversaires ne va pas être simple non plus », détaille le co-équiper d’Erwan Le Draoulec.
Un samedi soir aux Açores pour les uns, un dimanche midi aux Canaries, pour les autres : les dés sont jetés…