des désaccords sur la route des Açores

Deux salles, deux ambiances ; avec des deux côtés du plan d’eau des marins qui s’accrochent à leurs convictions, garantissant de maintenir le suspense. Ne serait-ce que pour rejoindre les Açores et l’île de Santa Maria, à laisser à tribord. 

Depuis hier soir, les 12 équipages de la Niji40 ont abattu leurs premières cartes. Au nord, emmené par de solides leaders - les Amarris, Acrobatica, et autre La Manche Évidence Nautique - le gros des troupes progresse au près, à la conquête de l’ouest. Au sud, deux impétueux dissidents - Everial et Dékuple - , font le pari de défier les routages et d’oser tenter leur chance en descendant le long des côtes ibériques, sous le soleil et sous spi.

Un quinté de tête au nord

« On a bien regardé bien fait nos analyses et même si on avait quand même très envie de prendre une route sud parce qu’on préfère nettement le portant, on s’est quand même rendus à l’évidence (…) Clairement ça passe beaucoup mieux par le nord  », avance Xavier Macaire

À bord de Groupe SNEF, ce redoutable compétiteur s’accroche dans le quinté de tête, à une petite dizaine de milles en distance au but des premiers de cordée. Il fait part de « conditions stables et maniables, dans un vent moyen de 15 nœuds, sur une mer formée, mais pas insurmontable ». 

Lancé dans la chasse aux leaders, il confie mettre toute son énergie dans cette bataille. « Dans l’ouest, il y a quelques petits camarades qui sont un peu trop loin devant nous à notre goût. On aimerait bien qu’ils se calment un peu, parce qu’ils n’arrêtent pas d’accélérer en premier. On aimerait les maintenir et les rattraper à notre tour », ajoute le skipper vendéen qui mesure aussi que rien n’est définitivement joué face aux six sudistes d’Everial et de Dékuple.  « On s’engage sur la route la plus difficile que je pensais être bien meilleure, mais on espère que nos efforts vont être bien récompensés », ajoute en substance, ce porte-parole de l’option stratégique la plus en vogue : celle qui remporte les suffrages de dix bateaux sur les 12 en course, après le regrettable abandon des Italiens de Tyrolit. 


Du côté de la dissidence, cette journée de mercredi débute sous un grand soleil, sur une mer plate : « des conditions de rêve (...) à l’entrée d’un petit couloir de pression au large du Portugal », dixit Erwan Le Draoulec à bord d’Everial. Ce matin, il est parvenu à s’extirper des calmes, le freinant hier dans son bel élan à l’entame de cette option tranchée, choisie au regard des performances de son bateau aux allures portantes. « Notre schéma de navigation est un petit peu différent des autres. Pour le moment, on nous donne un tout petit peu de retard. Là-haut,  avec l’état de la mer, on aurait du mal à tenir le routage au près reaching. Là, on tient nos objectifs de performance sans problème. À bord, on est tous d’accord sur cette idée-là », affirme ce skipper bien accompagné de Corentin Horeau et Thomas Rouxel.  

© Erwan le Draoulec / Everial sous spi, ce mercredi après-midi


Un duo de bateaux au sud

« La suite va être ultra complexe, donc on est contents de ne pas s’enfermer dans une position. Le milieu de l’Atlantique s’annonce capricieux », complète le skipper du 177, qui ne s’interdît pas de remonter au nord vers les Açores, comme le suggère sa trajectoire cet après-midi. Au pas de deux, Everial progresse au contact de Dékuple, mené par William Mathelin Moreaux et les siens, dont tous les indicateurs sont également au vert. À bord de ce bateau flambant neuf, Hugo Picard s’est même offert le luxe d’une double montée dans la mât pour réparer la girouette. Un point vue sans pareil pour apprécier l’étendue l’immensité océanique qui s’ouvre dans l’ouest des côtes ibériques.

Plus en arrière, ce mercredi est aussi marqué par le retour en course des équipages de Tohu-Bohu et de E.Leclerc-Villa-la-Grand, après une escale technique éclair pour préparer des menus pépins techniques. Ces deux trios sont dans le match et ne cèdent rien pour revenir sur le 8eme, Interaction. Pas de problème majeur à bord du bateau rouge de frères Yannig et Erwan Livory et de Louise Comont. Sa trace, qui pouvait sembler étrange ce midi sur la cartographie de la course,  prouve juste que l’équipage mixte  s’est bien acquitté d’une pénalité d’1h15 réalisée en mer, prévue après la rupture d’un plomb scellant le moteur. Tout est désormais en bon ordre de marche à bord de ce bateau du nord, bien lancé dans cette grande bataille de l’Atlantique qui ne fait que commencer…

Précédent
Précédent

Sons du large, mots du bord

Suivant
Suivant

La ruée vers le nord