Changement de commandement !

Fini le contournement de la zone fermĂ©e de basse pression active qui les a copieusement secouĂ©s pendant 48 heures au sud des Açores ! Depuis hier Ă  la mi-journĂ©e, les concurrents de la Niji40 ont, de fait, retrouvĂ© des conditions plus « vivables Â». S’ils ne boudent pas leur plaisir de composer avec des conditions plus maniables, sur un terrain de jeu plus plat et avec des tempĂ©ratures plus clĂ©mentes, les uns et les autres restent cependant concentrĂ©s. Et pour cause, si le vent a molli, il est aussi devenu trĂšs instable, Ă  la fois en force et en direction. La situation promet de rester dĂ©licate jusqu’à vendredi matin, journĂ©e lors de laquelle ils vont devoir nĂ©gocier le passage d’une petite dĂ©pression tropicale avant d’attaquer enfin un grand tout schuss jusqu’à l’arrivĂ©e Ă  Marie-Galante. Mais l’autre fait important de cette journĂ©e de mercredi est sans conteste le changement de leader. Les hommes d’Acrobatica ont en effet cĂ©dĂ© les commandes Ă  ceux de Groupe SNEF tandis que, derriĂšre, le gros de la meute s’est nettement regroupĂ©.

Ce matin, Ă  la vacation quotidienne, le sentiment de soulagement Ă©tait palpable Ă  bord de tous les bateaux. TerminĂ©s les plantĂ©s, les sorties de piste intempestives, les geysers dans la figure et la vie penchĂ©e. Depuis hier, les conditions se sont nettement assagies. « Le fait de retrouver des conditions plus tranquilles, ça change la vie ! Â», a avouĂ© Xavier Macaire, que l’on sait pourtant Ă  son aise dans la baston. « C'Ă©tait vraiment dur car trĂšs violent. La vie Ă  bord Ă©tait rendue impossible. Dormir, c'Ă©tait quasiment impossible tellement ça tapait, tellement ça bougeait, tellement c'Ă©tait bruyant. On Ă©tait trempĂ© en permanence. LĂ , on retrouve une vie normale ! Â», a concĂ©dĂ© le Sablais qui, pour la premiĂšre fois depuis le dĂ©part de Belle-Ile-en-Mer, il y a dix jours, a enfin pu enlever ses cirĂ©s et retirer ses bottes. « On n’avait pas encore pu se changer. Que ça fait du bien de se laver, de de raser, de faire sĂ©cher ses affaires, de manger convenablement et surtout de se reposer ! Â», a ajoutĂ© le navigateur, avouant sans fausse pudeur que les quarts passent presque un peu trop vite et que les rĂ©veils sont parfois rendus difficiles aprĂšs ce dĂ©but de course Ă©reintant. Reste que si le sommeil est plus profond (et enfin rĂ©cupĂ©rateur !), l’heure n’est certainement pas au relĂąchement car Ă  l’arriĂšre de cette vilaine dĂ©pression tropicale qui a donnĂ© Ă  tous l’impression d’ĂȘtre enfermĂ© dans un shaker gĂ©ant pendant deux jours, les troupes se sont nettement resserrĂ©es. Tant et si bien que les trois premiers se tiennent dĂ©sormais en moins de 50 milles et que le groupe du nord qui s’étirait sur 450 milles hier se tient aujourd’hui en moitiĂ© moins. 

Jouer les petits coups

« Ă‡a se tasse. Il y a du match ! Il n’y aura cependant certainement pas de passage Ă  niveau suffisamment important pour nous permettre de complĂštement revenir aux avant-postes mais ça fait plaisir de savoir que ça risque de finir plus groupĂ© que prĂ©vu Â», a commentĂ© de son cĂŽtĂ© Nicolas Jossier qui pensait encaisser pas mal de retard aprĂšs son arrĂȘt au stand forcĂ© aux Açores Ă  la suite de son avarie d’étrier de safran, dimanche. « En quittant Santa Maria, on imaginait effectivement que les premiers allaient prendre la poudre d’escampette. Ça va toutefois ĂȘtre dur de vraiment reprendre des places. Il va, dans tous les cas, falloir bien travailler en vitesse et soigner les petits placements stratĂ©giques Â», a ajoutĂ© le skipper de La Manche Evidence Nautique qui a dans son viseur l’équipage de E. Leclerc – Ville-la- Grand menĂ© par Jean-Philippe Saliou. « On le connaĂźt bien. A une Ă©poque, il Ă©tait l’un des Ă©quipiers de BenoĂźt (Charon) et ensemble, ils ont d’ailleurs remportĂ© un titre de champion d’Europe de J 24 (en 1997, ndlr). On l’observe beaucoup et on espĂšre bien lui passer dessus trĂšs bientĂŽt ! Â», a dĂ©taillĂ© le Granvillais que trente milles sĂ©parent actuellement de son adversaire. Et trente milles, il le sait, c’est bien peu, surtout Ă  l’échelle de l’Atlantique. Pour preuve, c’est prĂ©cisĂ©ment l’écart qu’il y avait encore lundi soir entre le leader, Acrobatica, et son dauphin, Groupe SNEF. Un Ă©cart qui s’est rĂ©duit comme peau de chagrin ces derniĂšres heures pour finalement s’inverser aux environs de 9h30 ce matin. Â« C'est sĂ»r que ça fait plaisir. C'Ă©tait un peu l'objectif de les rattraper et de repasser. Rien n'est jouĂ© pour autant. Il faut rester concentrĂ© et mĂȘme redoubler de vigilance. Prendre la place du leader, c'est aussi prendre la pression sur les Ă©paules. Passer de la position de chasseur Ă  celle de chassĂ©. C’est pourquoi, pour l’instant, ce qui nous importe, ce n’est pas le classement mais le fait de bien naviguer et de faire les bonnes options Â», a temporisĂ© Xavier Macaire qui a donc chipĂ© le leadership au trio Alberto Riva, Jean Marre et Benjamin Schwartz qui s’était installĂ© en tĂȘte il y a six jours, Ă  mi-chemin entre le cap Finisterre et les Açores. Dans ce contexte, le jeu est ainsi pleinement relancĂ© Ă  1 100 milles de l’arrivĂ©e et le mode rĂ©gate rĂ©activĂ© Ă  100%. Pas simple, nĂ©anmoins, de faire avancer les machines et d’ajuster au mieux sa trajectoire lorsque les conditions mĂ©tĂ©o sont trĂšs instables comme elles le sont en ce moment, avec un vent qui oscille allĂ©grement entre 7 et 17 nƓuds. « C'est difficile de faire une stratĂ©gie lĂ -dedans trĂšs marquĂ©e. Il faut essayer d'ĂȘtre opportuniste, de jouer des petits coups. On se demande toujours si ça vaut le coup d'empanner ou s’il faut rester sur sa route, mĂȘme si c'est un peu dĂ©favorable parce que le vent a tournĂ©. On se creuse un peu les mĂ©ninges, On essaie de faire des bons choix et d'avoir l'inspi Â», a ajoutĂ© le skipper de Groupe SNEF. De fait, les prochaines heures s’annoncent dĂ©licates avant l’arrivĂ©e d’une petite dĂ©pression tropicale dans la nuit de jeudi Ă  vendredi ou dans la journĂ©e de vendredi. La contourner par le nord ou la traverser, telle sera alors la question avant d’entamer ensuite un grand tout droit dans les alizĂ©s jusqu’à l’arrivĂ©e Ă  Marie-Galante oĂč les premiers sont dĂ©sormais attendus dans la matinĂ©e de lundi. 

Enfin de l’ouest pour les Sudistes

La donne est bien sĂ»r diffĂ©rente pour les sudistes, Everial et Dekuple qui, pour leur part, devraient se prĂ©senter sur la ligne dans la soirĂ©e du 26. PositionnĂ©s Ă  300 milles au nord de l’archipel du Cap Vert, ces deux-lĂ  voient, a contrario des autres, leurs ETA (estimations d’heures d’arrivĂ©es) non pas avancer mais reculer. Et pour cause, le flux de nord-est qui les accompagne reste poussif. Ils doivent, en prime, continuer de rĂ©aliser quelques recalages au sud pour Ă©viter de tomber dans la molle au centre de l’anticyclone qui ne cesse de descendre. Il n’empĂȘche que le moral est bon, ainsi que l’a relatĂ© William Mathelin – Moreaux : Â« Ă§a fait du bien de mettre enfin de l’ouest dans sa route mais ça reste encore un peu mou cette affaire. On est toujours un peu Ă  la chasse au vent. On a un peu peur qu’Everial, qui est lĂ©gĂšrement devant, s’échappe, mais on reste organisĂ© pour garder de bonnes vitesses. L’alizĂ© est quand mĂȘme en train de s’établir et ça accĂ©lĂšre progressivement. On va progresser en escalier un moment. C’est sĂ»r que ça ne raccourcit pas la route, notamment par rapport Ă  nos concurrents du nord, ça on en est bien conscients, mais l’important est de rester mobilisĂ© et concentrĂ© jusqu’à la fin Â». MĂȘme son de cloche du cĂŽtĂ© de Corentin Horeau. « On touche du vent un peu plus soutenu depuis hier aprĂšs-midi. On a fait une belle nuit, avec de belles glissades. On commence Ă  bien se faire plaisir. On regarde les fichiers, on dĂ©cortique la mĂ©tĂ©o et on amorce un rationnement sur le plan de la nourriture par ce que ça risque d’ĂȘtre un peu plus long que prĂ©vu Â», a indiquĂ© le vainqueur en titre de la Solitaire du Figaro, rappelant toutefois, et Ă  juste titre, que tant que la ligne n’est pas franchie, tout reste possible !

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