Resserrement des troupes à l’arrière de la dépression tropicale
« On va clairement vers de l’amélioration ! », lâchait Gildas Mahé, hier matin. « Quel soulagement enfin cette mer plate, ces températures qui remontent et la vie à bord qui devient plus ... vivable ! Notre plateforme "vibratoire" (mot inventé pour qualifier cet état de secousses permanent) est enfin passée en mode glisse ! On peut de nouveau se mouvoir sans se cramponner systématiquement aux mains courantes du bateau. On peut se faire à manger sans risquer de s'ébouillanter trois fois par jour. On peut enfin faire tomber bottes et cirés ainsi que tout type de vêtement trempé, humide ou même moite », a confirmé Sophie Faguet, cette nuit, dans un message écrit. De fait, après avoir passé deux jours dans un shaker géant et littéralement affolés les compteurs - à l’exception des sudistes Everial et Dekuple - les concurrents de la Niji40 ont retrouvé des conditions nettement plus confortables depuis maintenant une vingtaine d’heures.
Le mode régate de nouveau activé
Reste que si ce calme retrouvé permet aux marins de se régénérer et de remettre un peu d’ordre à bord de leurs montures, le mode régate est de nouveau pleinement enclenché et remplace le mode survie qui avait parfois pris le pas sur le reste lors du contournement de la dépression active, au sud des Açores. Dans ce contexte, pas question de mollir donc. Il faut se concentrer sur les réglages et la bonne marche du bateau. Plus facile à dire qu’à faire lorsque le vent est si instable, à la fois en force et en direction. Pour preuve, les vitesses des bateaux font actuellement le yoyo entre 5 et 10 nœuds. Résultat des courses, les écarts évoluent régulièrement au fil des pointages mais une tendance s’impose : en tête de flotte, ils se resserrent ! Aussi, si le groupe des Nordistes s’étalait hier matin sur près de 400 milles, il se tient aujourd’hui en 236 milles. De quoi redonner du baume au cœur à certains, comme Nicolas Jossier, Benoît Charon et Calliste Antoine, à bord de La Manche Evidence Nautique, qui pensaient voir les leaders prendre franchement la poudre d’escampette après leur escale technique forcée à Santa Maria, dimanche. De quoi aussi relancer le jeu, qui ne manquait pourtant déjà pas de piment, à 1 200 milles de l’arrivée.
48 heures délicates
En résumé, les prochaines s’annoncent relativement cruciales pour les navigateurs qui vont devoir composer au mieux avec des vents faibles au sud de l’anticyclone, ce mercredi et demain. Dans cette phase de transition, avant l’arrivée d’une petite dépression tropicale vendredi puis l’entame du schuss final en direction de Marie-Galante, les uns et les autres vont devoir faire preuve de réactivité mais aussi et surtout d’opportunisme. D’ailleurs, certains ont d’ores et déjà lancé les attaques. Les équipages de Vogue avec un Crohn mené par Pierre-Louis Attwell puis de Captain Alternance skippé par Kéni Piperol jouent un décalage audacieux au sud et grappillent sérieusement du terrain sur les premiers, les hommes d’Acrobatica, par ailleurs directement menacés par ceux de Groupe SNEF revenus dangeureusement puisque moins de cins petits milles les séparent désormais. « On se réjouit d'avancer aussi vite avec un vent plus fort que dans les fichiers de prévisions et de voir notre écart au premier passer sous la barre des 100 milles, puis 90, 80... et peut-être 60 ce soir. On est au taquet, au moins autant que nos poursuivants qui arrivent à faire de même sur nous », a ajouté Sophie Faguet qui n’a, comme personne, encore dit son dernier mot et voit là une véritable opportunité de chambouler la donne.