DU Remue-ménage avant le remue-méninges
Après 24 heures de course et un départ superbe autour de Belle-Ile-en-Mer dans des conditions propices aux belles images, les 39 marins de la Niji40 sont entrés de plain-pied dans la transat qui les emmène en direction du cap Finisterre.
Sur le golfe de Gascogne, les équipages ont connu un début de course qu’ils qualifient tous de plutôt calme, leur permettant de prendre leurs marques et de doucement s’amariner. Ils font désormais face au front, attendu depuis 48 heures, qui accompagne le passage de la dépression Pierrick remontant cet après-midi vers la pointe Bretagne. Les vents modérés ont brutalement pris du coffre. Un flux de sud-ouest avec des rafales à plus de 35 nœuds impriment un tempo beaucoup plus soutenu sur des vagues plus formées, de 4-5 mètres.
Le golfe grognE
Deux salles, deux ambiances . D’abord conciliant, le golfe grogne et montre un plus mauvais visage. Mais pas de quoi freiner l’ardeur des leaders, à commencer par le trio d’Amarris, premier de cordée ce lundi après-midi. Gildas Mahé, Tom Dolan et Pep Costa ont enroulé la marque virtuelle positionnée dans le sud du golfe Golfe de Gascogne à 13h46. Ils sont alors suivis, une poignée de minutes plus tard, par les marins de Groupe SNEF (13h48) et d’Acrobatica (13h52). « C’est bien brutal, on avance à toute berzingue dans un gros tas de vagues », témoigne Jean Marre, coéquipier d’Alberto Riva à bord du 3è bateau, pointé à 15-18 nœuds en approche de ce Waypoint Niji. Les vagues qu’on étend déferler sur le pont du plan Musa40 ne laissent planer aucun doute sur l’atmosphère chargée d’humidité qui règne sur ces eaux agitées.
Même son de cloche du côté de Nicolas Jossier, 4è sur La Manche Évidence Nautique, qui raconte cette transition. « La première nuit a été plutôt calme, assez tactique avec peu de changements de voiles. J’ai l’impression que la moitié de la flotte a réussi à faire le break, et on est dedans », se réjouit le complice de Calliste Antoine et de Benoît Charon. Il confie s’être ensuite « fait cueillir par le front » mais que l’équipage est paré à faire le dos rond. « Un d’entre nous est à la bannette, un autre actif sur le pont et le troisième un peu entre les deux. Il sommeille un peu ; mais il est en ciré, il est prêt à intervenir. On a du vent assez soutenu, la mer est correcte avec des bonne rafales à plus de 30 nœuds. On va voir jusqu’où ça monte », détaille le skipper normand.
Demain au cap Finisterre
Le décor du jour est planté, mais ce passage plus tonique devrait être de courte durée, puisque dès demain les 13 équipages vont devoir négocier des vents plus capricieux. « Ils devront effectuer leur premier grand choix stratégique mardi en milieu de journée : passer au Nord ou au Sud de la petite cellule anticyclonique qui est attendue au niveau du Cap Finisterre. Le vent aura alors molli à moins de 10 nœuds. S’ils passent au Nord, ils seront au près pour aller vers Santa Maria aux Açores. S’ils passent au Sud, c’est au vent arrière qu’ils effectueront cette navigation », explique Christian Dumard de Marine Weather Intelligence, consultant météo auprès de l’organisation de la course.
Pas facile pour les marins qui doivent à la fois courber l’échine et se creuser la tête pour décrypter la météo complexe et contrastée, afin de prendre une première décision stratégique. En tête, la bataille tient toutes ses promesses alors que toute la flotte a désormais doublé la marque de parcours et remonte au près dans des vents d’ouest, nord-ouest de 25 nœuds sur les fichiers. Demain sera un autre jour…
Pour écouter les sons du jour : c’est ici