Mauvaise mer au large de l’Espagne
À l’aube du troisième jour de course, la tête de flotte de la Niji40 progresse le long des côtes galiciennes. Ce mardi matin, l’équipage de la Manche-Évidence Nautique ouvre la marche dans des conditions de vent et de mer difficiles. Bon sens tactique et belle vitesse, tous les indicateurs sont au vert pour Nicolas Jossier, Calliste Antoine et Benoît Charon, qui sont parvenus à se propulser en tête en début de soirée hier, devant les imperturbables Acrobatica et Groupe SNEF.
Aux avant-postes, les trios progressent au contact et l’intensité de la régate ne laisse aucun répit aux marins malmenés sur une mer cabossée et casse bateau. « Ils naviguent comme des Figaristes », souligne le directeur de course Gildas Morvan, bien placé pour apprécier le niveau de jeu déployé par les neuf premiers bateaux réunis dans un rayon d’une petite dizaine de milles, alors que les écarts se font et se défont encore très vite au sein de cette flotte compacte.
La carte postale du cap Ortegal
« On a 30 nœuds de vent, 5 mètres de houle, 40 nœuds dans les grains, et le tape bateau, on a l’impression qu’il va se casser, à chaque fois qu’il rebondit dans les vagues. Il fait moins mille degrés, sans exagérer ! J’ai mis tout ce que j’avais dans mon sac, les polaires, deux pantalons, deux paires de chaussettes et j’ai encore froid », témoigne Thomas Rouxel, à bord d’Everial. En 6è position, 4 milles derrière les Normands, l’équipage du bateau bleu et orange a connu une petite mésaventure quand le J2 est tombé à l’eau. Mais heureusement plus de peur que de mal pour Erwan Le Draoulec et les siens qui ont pu récupérer et renvoyer cette précieuse voile d’avant pour continuer de progresser au près. Les vents contraires du système dépressionnaire qui donne le « la » depuis hier ne font jamais le bonheur des scows, ces bateaux tout en rondeurs taillées pour les allures portantes. « La nuit est noire, il n’y a pas de lune et le ciel est un peu dégagé ce qui nous permet de voir plein d’étoiles, On a un peu pas hâte que ça se termine, mais il nous reste quelques heures avant de trouver l’influence de la dorsale niveau du cap Finisterre », poursuit le co-équipier d’Everial dans sa carte postale sonore envoyée alors qu’ils progressent en direction du cap Ortegal.
Équipier blessé : Tyrolit en escale à Gijon
À bord d’Amarris, qui progresse légèrement décalé plus au large des côtes espagnoles, Gildas Mahé raconte aussi ne pas avoir été épargné par les péripéties qui l’ont freiné dans son élan à l’entame de cette transat. « Un souci de communication et une petite fuite de gasoil qui m'a rendu malade pour la première fois depuis bien longtemps », témoigne le skipper brestois qui fait part « d’une mer dégueulasse ». Preuve s’il en est que la navigation n’a rien d’une partie de plaisir sur ce début de Niji40.
Elle oblige surtout les équipages à redoubler de vigilance pour ne pas se faire mal, à l’image de Giovanni Licursi qui s’est douloureusement blessé à la cheville à bord de Tyrolit, hier un peu avant minuit. Le bateau italien est arrivé à port Gigon ce matin, où ce co-équipier qui s’est bien fait mal dans les soubresauts violents du bateau a été pris en charge et emmené à l’hôpital.